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Made in Tunisia │ certifié 100% tunisien !
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2 janvier 2010

"Habib Bourguiba, le bon grain et l’ivraie" : Un livre dédié à la jeunesse

 

le_combattant_supremePour les premiers billets de ce blog, j’ai choisi de mettre l’accent sur certains livres consacrés à un Grand « Made in Tunisia » : j’ai nommé le 1er président de la République tunisienne Habib Bourguiba.

Nous commençons ce spécial avec une lecture dans le livre « Habib Bourguiba : le bon grain et l’ivraie » de Béji Caid Essebsi, un ex-proche collaborateur du Combattant Suprême.

Suite à cette lecture que je vous propose sur deux livraisons, je reviendrai sur « Bourguiba et la démocratie (1956-1963) » de Noura Boursali, pour finir avec le dernier livre d’Omar Khalifi « Le Changement : pourquoi ? Comment ? ».

Beaucoup de livres sont consacrés à l’ex-Zaim et je ne fais que présenter quelques uns à travers lesquels je vous invite à (re)découvrir les réussites et (peut être) les échecs de ce grand personnage.   

Bourguiba_le_bon_grain_et_l_ivraie

Plus de 20 ans après la déposition du premier président de la Tunisie indépendante, l’un des personnages clé du régime bourguibien accepte -suite aux nombreuses sollicitations de M. Mohamed Masmoudi directeur de Sud Editions- d’apporter son témoignage sur le règne du Combattant suprême. 

M. Masmoudi a fait apparemment une bonne affaire puisque  « Habib Bourguiba, le bon grain et l’ivraie » publié en 2008 a vu sa première édition disparaître des étalages des librairies en l’espace de quelques jours, « obligeant » Sud éditions à prévoir une deuxième édition (août 2009) de 3000 exemplaires (une performance en Tunisie ou les essais dépassent rarement les 1000 exemplaires).

 

Sur plus de 500 pages, Beji Caïd Essebsi –puisque c’est de lui qu’il s’agit- nous livre un témoignage intéressant sur les différentes facettes des différentes vies de Habib Bourguiba et nous fait découvrir (ou redécouvrir) des images et des documents historiques sur le Combattant suprême.

Comme on peut le lire sur le quatrième de couverture, « Beji Caïd Essebsi est né à Sidi Bou Saïd en novembre 1926, a fait ses études au Collège Sadiki et poursuivi ses études de droit à la Sorbonne. Militant dès son jeune âge dans les rangs du Néo Destour, il a connu Habib Bourguiba a Paris. De retour a Tunis en juillet 1952, il a commencé une carrière d’avocat avant d’être appelé par Habib Bourguiba, Premier Ministre, à rejoindre son cabinet en avril 1956. C’est le départ d’une carrière de plus de 35 ans dans les plus hautes fonctions de l’Etat ». Mais dans ce livre « Si Béji » n’est pas seulement présent dans le 4ème de couverture mais aussi dans une bonne partie de l’ouvrage où il revient à plusieurs reprises sur l’importance de son rôle dans plusieurs des décisions de Bourguiba et de ses gouvernements successifs. « Selon son souvenir, il a réussi là ou il a été placé, a pris de bonnes décisions, dit ce qu’il fallait dire et donné les meilleurs conseils, aussi bien à Bourguiba –qui en redemandait- qu’à ses Premiers ministres. Il relate qu’il a également prodigué de bons conseils aux homologues de Bourguiba : Hassan II, Chadli Bendjedid, Saddam Hussein et Kaddafi. Bourguiba a très souvent fait sentir et même dit à « Si Béji » qu’il ne pouvait pas l’imaginait loin de lui et, tout au long du livre, on sent que tous les autres avaient la plus grande confiance en son jugement et en sa droiture. »

Raisons pour lesquelles Béchir Ben Yahmed considère qu’ « après lecture, on se demande s’il n’aurait pas été plus juste d’intituler [le livre] : Habib Bourguiba, La République et moi » .

 

Seulement, ce détail ne dérange que très peu la lecture d’un livre que l’auteur écrit en premier lieu pour la jeunesse : « je dédie ce livre à la jeunesse de mon pays qui n’a pas vécu les événements ayant conduit à la renaissance de la Tunisie indépendante, dans l’espoir qu’elle y trouve des éléments de réponse aux questions qu’elle se pose et des raisons de croire dans l’avenir » (p. 7).

A propos des questions de cette jeunesse, Caïd Essebsi tient à répondre à une en particulier : « la jeunesse nous critique sur le point crucial de la démocratie » (p. 170). Essebsi veut dire à la jeunesse aujourd’hui qu’il est d’accord pour affirmer que « la raison principale de notre échec tient à l’absence de démocratie » mais il tient aussi à rappeler qu’« un régime strictement démocratique aurait probablement fait avorter toutes ces innovations [statut personnel, liquidation des habous, généralisation de l’enseignement] progressistes, libératrices et absolument décisives pour faire sortir de l’archaïsme la société tunisienne des années 1950. La méthode a ses mérites et ses limites, mais il était clair que le préalable démocratique ne se posait pas. » (p. 173)

▪▪▪ 

A cette jeunesse, Si Béji ne rend pas seulement des comptes, mais lui fait des reproches en l’accusant surtout « d’ingratitude » pour le père de l’indépendance et en espérant que « les générations suivantes reconnaitront ce mérite de Bourguiba mieux que ses contemporains et mieux que la génération qui fut témoin de sa vieillesse et de sa fin. » (p. 10)  

Enfin, à cette jeunesse, l’auteur veux rafraichir la mémoire en lui rappelant ses devoirs envers les sacrifices des résistants sans lesquels le pays n’aurait jamais accéder à l’indépendance.

En effet, dans ce que je considère comme l’un des meilleurs chapitres du livre, intitulé « les années de braise » (p. 39-54), l’auteur rend un vibrent hommage aux résistants, combattants et autres martyrs tunisiens. L’émotion qui m’a gagné à la découverte de ce chapitre m’a empêché de poursuivre une lecture que j’ai du interrompre pendant de longues minutes. Et comment ne pas s’émouvoir à la découverte des propos de Béchir Ksiba, « un modeste fellah de la région de Bizerte, président de la cellule destourienne de Ghar El Melh ». Détenu et jugé par l’occupant français, voila comment il a reçu son avocat de l’époque (Béji Caid Essebsi ) : « A notre très grande surprise, Béchir était calme, presque serein, sans trouble visible. Il s’est adressé à nous en ces termes : " Vous savez Maître ! Vous êtes instruits, vous détenez des diplômes de France (mtaa frança). Lorsque la Tunisie sera indépendante, le pays aura davantage besoin d’hommes comme vous que d’hommes comme moi. Pour moi, l’indépendance est quelque chose qui est très haut placée, comme la ‘‘cedda’’ de la ‘‘madrass’’ à laquelle on n’accède qu’au moyen d’une échelle dont les échelons sont les corps des hommes comme moi qui acceptent le sacrifice suprême pour que d’autres puissent y accéder et je suis pour ma part tout à fait prêt. Mais je vous adjure, lorsque la Tunisie sera indépendante, ne nous oubliez pas ! Nous aurons sacrifié nos vies pour que la Tunisie accède un jour à l’indépendance. Ne dilapidez pas cette indépendance que nous payons cher ! " » (p. 44).

Béchir Ksiba sera exécuté à l’aube d’un matin sur les bords du lac Sedjoumi à Tunis.

Comment ne pas s’émouvoir lorsqu’on apprend que le condamné à mort Abdelhamid Ghadhab « à écrit de sa main en arabe sur le plumitif du greffe de la prison : "c’est avec le sang qui jaillira de nos veines que seront écrites les premières lettres de la charte de l’indépendance". » (p. 46) 

 

Avec le sacrifice et le sang de tellement d’hommes et de femmes, la Tunisie à pu avoir son indépendance. Mais… sommes nous assez reconnaissant pour ces martyrs qui ont donné leurs vies pour que les notre soient meilleurs ? Je ne suis pas sur que la jeunesse -à laquelle j’appartiens- honore suffisamment le sacrifice de nos héros !

 

a suivre…

 

_________________________________

 * Jeune Afrique, n° 2532, p.44   

 

 

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